En dehors des événements autour de l’équipe nationale, le football au Bénin ne suscite plus aucun engouement de la part des fans. Chose grave pour la viabilité d’un système dont les fans sont les poumons.
Le football, c’est d’abord un business. Mais au Bénin, c’est presque tout sauf du business pour le moment. Et puisque ce n’est pas encore le cas, les résultats sont là. Les boycotts de matchs pour salaires impayés, les joueurs abandonnés sur un territoire étranger après un match, et bien d’autres faits font les gros titres et les créateurs de contenus s’en donnent à cœur joie. Le problème est pourtant simple. Aucun club béninois ne gagne assez d’argent pour injecter dans le business qu’est le football.
Rien n’a changé
Le souci semblait pourtant avoir été réglé. En 2020, le gouvernement, dans son envie de développer le sport a pensé à la création des sociétés sportives. Le modèle de Société anonyme sportive professionnelle (SAP) avait été alors imposé aux clubs. L’objectif était de permettre à ce que l’industrie soit gérée tel un business. Malheureusement, 4 ans après cette sage décision qui devrait avoir pour effet de révolutionner le monde du football au Bénin comme c’est le cas en Tanzanie, des joueurs professionnels de football continuent de subir le pire. A l’exception de quelques sociétés qui font la différence avec des efforts louables, nous sommes encore loin du but visé : transformer le sport en business au Bénin. Face à une telle situation, Il faut chercher à comprendre l’origine et pour cela, il faut savoir comment fonctionne l’industrie du sport.
Pas de fans, pas de business
Avec ses plus de 5 milliards de fans à travers le monde, le football représente le plus grand marché de la terre. Nul besoin de rappeler donc d’où sortent tous ces chiffres impressionnants que nous lisons tous les jours sur internet à propos des transferts de joueurs, de leurs salaires et des signatures de contrats publicitaires. Vente de tickets de matchs, restauration, vente de maillots et équipements sportifs ; en fait, le business roule grâce aux fans. Les fans sont les maîtres du système et toutes les politiques de gestion d’un club de football doivent se baser sur comment satisfaire les fans et les fidéliser.
Malheureusement, au Bénin, tout l’échec du système s’explique par là. Le football est tel que rien n’attire véritablement les fans. Même avec les tickets de matchs gratuits, les stades sont à peine remplis et les supporters viennent au stade en tenues traditionnelles. En fait, ils n’ont aucun intérêt à le faire. Et pourtant, il y a des années en arrière, cet engouement existait bien au Bénin avec de grands événements d’envergure nationale comme le clasico Dragons vs Requins qui, aujourd’hui ne suscite plus aucun intérêt de la part des amoureux du football au Bénin. Il est même difficile de trouver un jeune béninois qui en a déjà entendu parler. A l’ère de l’internet, la jeune génération voit bien que c’est mieux ailleurs, et comparé à ce qui se fait chez lui, c’est presque nul.
Le football a évolué mais notre football n’a pas bougé. L’unique raison c’est que nous manquons d’innovation et de créativité qui respecte la volonté des rois que sont les supporters. Dans un tel contexte, la réalité c’est qu’il sera difficile, voire impossible de pouvoir faire du football un business. Pour espérer un changement, de nombreux paramètres sont à prendre en compte et tous sont inspirés de la satisfaction des supporters. Le fait est que tout part de là.
Un club de football doit gagner, mais suffit-il de gagner pour se faire des supporters heureux et engagés ?
Dans un prochain article, il sera question des grands chantiers.